Nous allons parler de l’importance de laisser à son cheval la possibilité de faire des choix.

Tout d’abord, un point important : du fait de la domestication, les chevaux sont totalement dépendants de nous, depuis leur naissance jusqu’à leur dernier souffle.

C’est l’éleveur qui choisit le moment du sevrage, et la façon dont ce sevrage va être réalisé, ainsi que les conditions de vie du poulain. Tous ces choix auront un impact sur la vie future du cheval adulte.

C’est l’humain qui va choisir la manière dont il va éduquer le jeune cheval. Là encore, ce choix aura des conséquences sur le futur comportement du cheval, sa relation à l’humain.

En tant que propriétaire, c’est nous ensuite qui allons choisir le mode d’hébergement de notre cheval : est-ce qu’il va vivre en box, au pré ?

Nos choix vont également impacter la santé du cheval : alimentation, soins vétérinaires, vaccination, vermifugation, dentiste, entretien des pieds, mais aussi entrainement, matériel utilisé.

Même si notre cheval vit en groupe au pré, il n’a pas le choix des congénères avec lesquels il va devoir cohabiter.

Il n’a pas le choix des activités, de la discipline qu’il va pratiquer.

Et il n’a pas non plus le choix des humains avec lesquels il va devoir interagir : son, ou ses propriétaires successifs, mais aussi les professionnels : personnel de la pension, pareur/maréchal ferrant, etc…

Tous ces éléments relèvent uniquement de choix que l’humain fait pour eux…

Nous ne devons jamais oublier que le cheval dépend totalement de nous et que nous sommes 100% responsable de son bien-être, du fait des choix que nous faisons pour lui.

Alors, le cheval peut-il faire des choix malgré tout ? Pourquoi c’est important ?

Avoir la possibilité de faire des choix est un facteur d’amélioration du bien-être mental et émotionnel de notre cheval. Cela va lui offrir des situations dans lesquelles il ne sera pas totalement dépendant, où il aura la possibilité d’exprimer sa préférence.

Avoir la possibilité de faire des choix va rendre le cheval plus autonome dans sa gestion émotionnelle, stimuler ses capacités cognitives, augmenter sa motivation, diminuer sa peur de la nouveauté, renforcer la relation et la confiance qu’il a en nous.

Et cela va lui permettre d’exprimer également son consentement.

Vous allez me dire, est ce que le cheval est capable de faire des choix ?

A l’état naturel, le cheval fait des choix en permanence : il choisit ses aliments, dans la limite de ce qui est disponible dans son environnement bien sûr, il choisit les congénères avec lesquels il va vivre, il choisit à quel moment il se repose, l’endroit où il veut aller etc…

La vie au pré permet au cheval d’exercer partiellement cette possibilité de choisir : déplacements, interactions, activités… Néanmoins, il dépend en partie de l’humain pour l’eau, la nourriture, et si son propriétaire vient le chercher pour travailler à l’heure de la sieste, il devra le suivre.

Lorsque vous travaillez en liberté, et que votre cheval tout à coup vous quitte au galop pour aller à l’autre bout de la carrière, il exprime clairement un choix…

Mais le cheval est capable d’exprimer des choix d’autre nature si on lui en donne la possibilité.

Une étude réalisée en 2016 a montré que les chevaux peuvent apprendre à utiliser des symboles pour communiquer leurs préférences. Vous trouverez les références en pied de page si vous souhaitez creuser le sujet.

Une équipe de chercheur a appris à associer 3 symboles différents à 3 demandes : 1 symbole correspondait à « enlever la couverture », un symbole correspondait à « ne rien changer », et un 3ème symbole correspondait à « mettre la couverture ».

Après une phase d’apprentissage, où les chevaux ont appris à associer chaque symbole avec la demande correspondante, on a donc demandé aux chevaux quel était leur choix vis-à-vis de la couverture dans des conditions météorologiques variées.

Les choix exprimés étaient tout à fait cohérents avec la situation météo : la très grande majorité des chevaux a demandé à porter une couverture par temps froid et pluvieux, ou froid et venteux, aucun n’a demandé à porter une couverture lorsqu’il faisait beau.

Cette expérience montre que le cheval est capable de faire un choix, et qu’on peut mettre en place un moyen de communication qui lui permet de l’exprimer.

D’autres études de ce type sont conduites actuellement par l’équipe de l’Agroscope au Haras National Suisse pour proposer au cheval d’exprimer des choix comme : sortir ou rentrer, avoir une interaction avec un congénère, etc…

Alors à notre niveau, que peut-on mettre en place pour offrir à notre cheval la possibilité de faire des choix ?

Nous pouvons proposer différentes choses à notre cheval. Pourquoi pas partir en balade en main, et laisser le cheval choisir l’itinéraire. On peut aussi laisser le cheval choisir le moment où il veut faire une pause : il faut pour cela être capable de décoder les signaux et être à l’écoute de son cheval.

Ça peut aussi passer par des choses toutes simples comme tenir compte des préférences du cheval : endroit où il veut être gratté lors du pansage, choix entre deux récompenses alimentaires.

On peut aussi proposer des jeux d’exploration en autonomie en plaçant divers objets dans la carrière ou le pré (en veillant à la sécurité du cheval) et le laisser explorer à son rythme.

Il est important que le cheval dispose de beaucoup d’espace autour des objets pour pouvoir se placer à la distance qu’il souhaite, s’éloigner si cela provoque une tension. L’important est de ne pas intervenir et de laisser le cheval découvrir les objets par lui-même.

Pour différencier les jeux en autonomie du travail habituel, on peux mettre un code en place, qu’on utilisera au début de chaque séance de ce type.

Vous pouvez en profiter pour observer votre cheval, les signaux qu’il exprime, le temps qu’il met à s’approcher d’un objet, la manière dont il s’en approche.

Il est également très important d’écouter ce qu’il nous dit. Pour ça, il faut bien connaître les comportements, postures expressions faciales du cheval et être capable de comprendre leur signification en fonction du contexte.

Si un cheval qui habituellement ne pose aucun problème au montoir se met du jour au lendemain à bouger, ou essaie de nous mordre la jambe lorsqu’on met le pied à l’étrier, c’est qu’il y a sans doute présence d’une douleur : ne le montez pas et cherchez l’origine du problème.

Vous pouvez aussi mettre en place un code pour dire non : d’une part, c’est une méthode plus sécurisante que celle qui consiste à attendre que le cheval exprime des défenses pour constater qu’il n’est pas d’accord avec ce qu’on lui demande ! D’autre part, le fait que le cheval sache qu’il a la possibilité de dire non et qu’il sera écouté renforce la confiance qu’il a en nous.

Alors, à vous de jouer ! Trouvez des activités où vous permettez à votre cheval de faire des choix !